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Portrait de Jean-François Bony, peint par lui-même. Ce portrait appartient à Mme Verne, de Givors. Au dos, il est écrit :
« Portrait de J. F. Bony, peintre de fleurs, peint par le même.
Le catalogue des peintres lyonnais porte cette mention :
Bony Jean-François, né à Givors, mort à Paris.
La galerie des peintres lyonnais au palais Saint-Pierre (Musée
des Beaux-Arts de Lyon voir ci-dessus) a quatre tableaux de lui :
45. le Printemps;
46. L’Été;
47. Vase de fleurs;
48. Fruits*
L’épitaphe de sa femme,
au cimetière de Bans, près Givors, est ainsi conçue : Jeanne Marie Drevet, née le 14 février 1764, décédée en 1846, veuve de J. F. Bony, peintre de fleurs et dessinateur célèbre ; sa vie traversée par l’adversité, fut un modèle de piété, de résignation et de charité. »
Extrait du livre "Histoire de Givors" - Etienne Abeille 1912
(Page 288a)
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"Fleurs
et Fruits": La ville de Lyon l'a acquis de la veuve du peintre,
en 1829 et l'a offert à la ville de Givors par M. PINTON, 1er adjoint au maire, au nom de la ville de Lyon le 10 décembre
1950 - Voir le site de la Ville
de Givors
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Un homme de grand talent est honoré, à Lyon, comme peintre de fleurs, professeur à l’École des Beaux-arts, fabricant de soieries brodées ; c’est un des grands noms de la fabrique lyonnaise, à côté des Vaucanson, Philippe de la Salle et Jacquard, et pourtant son nom est inconnu à Givors, sa ville natale : nous parlons de Jean-françois Bony.
Né à Givors, le 24 février 1754, J.F. Bony était le fils de Nicolas Bony, maître boulanger, et de Antoinette Mussieux. (Archives de Givors, registre paroissial de 1745 à 1759)Admis à l’École des Beaux-arts de Lyon, le jeune Bony fut, rapporte la tradition, un élève assez médiocre et fort indiscipliné. A la suite d’une frasque d’école, il fut même sur le point d’être renvoyé, et son professeur de dessin, Gonichon, fit appeler le père Bony pour lui signaler l’inconduite de Jean-François. Le père Bony, après avoir entendu la plainte, dit à son fils, devant tous élèves : « Voyons, gâs, faut écouter ce que le maître dit ; s’il dit de rosailler, rosaille ; s’il dit de bleusailler, bleusaille ; c’est pas difficile. » L’expression de « rosaille, bleusaille, c’est pas difficile » se conserva, pendant longtemps, à l’École des Beaux-Arts.En sortant de l’école, Bony se plaça, comme dessinateur, chez M. Bissardon, qui était le grand fabricant lyonnais d’étoffes pour meubles. A l’École des Beaux-arts il remplaça Baraban comme professeur de dessin. Enfin il monta une fabrique de soieries façonnées, et c’est là qu’il trouva sa voie et sa renommée.
A la Révolution, toutes les industries de luxe, et en particulier, celle de la soie, avaient été presque anéanties. La noblesse était en exil, l’argent se cachait ; pour qui aurait-on fabriqué les beaux habits brodés et les robes de soie ? Mais le Français aime les étoffes, le panache, le galon, et la réaction, qui devait fatalement arriver, se produisit, à l’avènement de Napoléon. A la simplicité affectée des Sans-Culottes, succéda le luxe éblouissant de la Cour Impériale. La fabrique lyonnaise sortit de sa léthargie et reprit une vie nouvelle. Bony fut un des principaux artisans de cette rénovation.
Ce fut le triomphe des tissus brodés. Ce genre, qui demande beaucoup de goût, beaucoup d’invention fut, par excellence, le genre du délicat Bony. Ses broderies exécutées au petit point, ou au crochet, ont toute la finesse et tout le velouté d’un tissu satiné. Le Musée des tissus de Lyon possède une remarquable collection de tissus brodés de Bony, et ce genre constitue une date dans l’histoire de la fabrique lyonnaise.
Bony, établi à Paris, était considéré, par la haute société, comme un grand artiste. Sa famille de Givors s’enorgueillissait, à juste titre, de cette notoriété, mais ne se rendait pas compte de ce qu’était, au juste, la popularité de son grand homme : à Givors, on croyait Bony connu de tous les Parisiens. Aussi Jean-Claude Bony, le frère de l’artiste, qui succéda au père comme maître boulanger à Givors, s’étant rendu à Paris, demandait-il naïvement aux passants : « Pourriez-vous me dire où demeure Bony, le dessinandier ? »
Bony avait acquis, par son travail, une modeste fortune ; la perte de cette épargne, confiée à un ami, le conduisit au désespoir, et il se suicida, à Paris, en 1825, en se jetant par la fenêtre. Sa veuve, restée dans le dénuement, fut recueillie, à Givors, par des parents, et dût à la générosité de ceux-ci, de passer à l’abri du besoin, les vingt dernières années de sa vie. Elle est enterrée à Bans, avec les membres de la famille Joannon-Verne qui l’avait recueillie.
Il est regrettable que Jean-François Bony, qui est un Givordin vraiment digne de mémoire, soit resté complètement inconnu de ses compatriotes, et que, jusqu’ici, la
ville de Givors n’ait jamais songé, en l’honorant, à s’honorer elle-même.
Extrait du livre : Histoire
de Givors - Etienne Abeille 1912
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