Compagnie des Hauts-fourneaux et Fonderies de Givors Établissements Prénat 1839-1960

 

 

     En 1856, la Commission de l'Érection de la Vierge du Puy traite avec Monsieur E. Prénat la fabrication de la statue monumentale de Notre-Dame de France. 
Monsieur Bonnassieux donne les plans et Monsieur Fournier (dont les descendants sont encore représentés aux Établissements Prénat en 1950 par les familles de Messieurs Pras et Bellemin), sculpteur de l'Usine, en assure l'exécution. Lorsque la statue se dressa au milieu de l'Usine dans son grand échafaudage de bois, on vint l'admirer de toute part. L'affluence fut même telle que, pour éviter l'encombrement, Monsieur Prénat se vit obligé de n'admettre dans ses ateliers que sur présentation d'un billet d'entrée. La somme recueillie permit l'achat de la première cloche de l'Église du Canal. En hommage à cette œuvre, Monsieur Eustache Prénat obtint du Pape Pie IX la décoration de Saint-Sylvestre. Au cœur du secteur historique du Puy-en-Velay, à seulement quelques minutes à pied du Centre Ville, la Statue monumentale de Notre-Dame de France constitue une prouesse technique: érigée en 1860, sur le Rocher Corneille.

     Le Rocher Corneille d'origine volcanique qui culmine à 757 mètres d'altitude et à 132 mètres au-dessus de la ville, est couronné par la statue monumentale de Notre-Dame de France.

     Le 8 septembre 1855, jour de la fête de la nativité de la Vierge, le général Pélissier est vainqueur durant la guerre de Crimée au siège de Sébastopol. En signe de gratitude, il conseille à l'évêque, Mgr de Morlhon, de solliciter auprès de l'empereur Napoléon III quelques-uns des canons pris à l'ennemi pour construire la statue que le diocèse du Puy souhaite dédier à Notre-Dame de France. Sculptée par Jean-Marie Bonnassieux, la statue réalisée en fonte de fer à partir des 213 canons de Sébastopol est inaugurée le 12 septembre 1860 devant 120.000 pèlerins. Elle mesure 16 mètres (22,70 m avec le piédestal) pour un poids total de 835 tonnes (110 tonnes pour la statue, 680 le piédestal en pierre et 45 son revêtement en fer).

     La gigantesque « Vierge rouge », perchée à la place de l’ancienne citadelle du rocher Corneille depuis le 12 septembre 1860. Elle se place dans la lignée des Vierges de France qui ont été érigées un peu partout au XIXe siècle pendant la rechristianisation. 

   Jean Bonnassieux, né à Panissières - Forézien fidèle et sculpteur (1810-1892) 
Il était modeste et paisible ; son oeuvre est presque oubliée. Bonnassieux n'en reste pas moins un artiste estimable surtout connu pour la colossale statue du Puy-en-Velay. 
Le fils du menuisier Jean Bonnassieux est né à Panissières (Loire - 42), le 18 septembre 1810, dans une famille modeste, fils de Mathieu, menuisier, et de Jeanne Vergoin. Des Bonnassieux sont encore présents dans les monts du Lyonnais. 
     Enfant, il joue dans l'atelier paternel en taillant des bouts de bois. Ses études se limitent à peu d'années d'école primaire comme les fils du peuple. Mais le curé remarque son habileté et invite son père à l'envoyer à Lyon pour y apprendre la sculpture. A 18 ans il entre donc chez un sculpteur sur bois. Elève des Beaux-Arts de Lyon, la mythologie l'intéresse et, en 1834, il sculpte pour le Salon un Hyacinthe blessé, oeuvre remarquée. 
     1835 : il "monte" à Paris, séjour obligé pour un artiste. Il y prépare le prix de Rome. En 1836 son Socrate buvant la ciguë lui rapporte ce trophée. Pensionnaire de la Villa Médicis, il sculpte l'Amour se coupant les ailes, prix au Salon de 1842.      Dorénavant il se tourne vers des sujets religieux. Le Salon de 1844 récompense son David lançant la fronde. C'est le succès, qui sera durable. Son art est tranquille, sans passion, mais manque un peu de souffle. Il ne déconcerte pas et c'est en cela qu'il plaît à beaucoup.

     Reconnu, Bonnassieux se contente alors de travailler en bon artisan. Il ne participe qu'à peu d'expositions et ne dispute plus de médailles à personne. 
     Fervent catholique, il sculpte avec amour de nombreuses madones. Il est surtout connu pour sa maquette de Notre-Dame de France du Puy, choisie par un concours qui réunit 53 artistes. L'énorme statue placée le 12 septembre 1860 sur le rocher Corneille domine de 130m la ville basse. Fondue avec le bronze de 213 canons russes pris à Sébastopol, la Vierge mesure 16 m de haut et pèse 110 tonnes. Impossible de ne pas la voir d'autant qu'elle est peinte en rouge. Cela s'accorde mal avec la personnalité du modeste Bonnassieux. 
Oublions la Vierge du Puy pour un travail plus délicat : la Vierge-Mère de l'église de Feurs (à droite du chœur) dont St-Pierre de Montbrison possède une copie en marbre de Carrare.   

   L'homme est calme, effacé, avec une vie familiale sans histoire. Bien que parisien il fuit les mondanités, ne sort que pour aller à l'église, à l'école des Beaux-arts ou à l'Académie. Fidèle au Forez, il accepte la présidence de l'Amicale des Foréziens de Paris. La Diana le fait son vice-président d'honneur. Choisi pour sculpter Victor de Laprade (une de ses dernières oeuvres) il assiste le 17 juin 1888 à l'inauguration en grande pompe de la statue du jardin d'Allard. Couvert d'honneurs qu'il n'a pas cherchés, il finit paisiblement sa vie sans cesser de sculpter. A 82 ans il travaille encore à un François d'Assise. Après une brève maladie, il meurt le 3 juin 1892, laissant tomber le ciseau de ses mains pour aller contempler l'Éternelle Beauté1. Une rue de Panissières porte aujourd'hui son nom. Bien sûr l'œuvre de Bonnassieux ne peut se comparer avec celles de contemporains tels Rude, Carpeaux ou Rodin. Mais l'homme est attachant. Simple, bon, il ne renia jamais ses origines : Forézien fidèle. 
Joseph Barou (publié par La Gazette du 24 mai 2002)

Groupes d'ouvriers  -  1900

     Une rumeur circule dans le Velay à propos de Jean-Marie Bonnassieux, le concepteur de la statue "Notre Dame de France" dans la ville du Puy en Velay selon laquelle il se serait suicidé parce qu'il avait placé l'enfant Jésus sur le bras droit et non sur le bras gauche de la statue, une statue faite de métal fondu récupéré à partir des 213 canons de Sébastopol. Elle sera la plus grande statue au monde avant la construction de la statue de la Liberté. 
     Contrairement à cette légende, Jean-Marie Bonnassieux ne s'est non seulement pas suicidé, mais il est mort entouré de tous les honneurs, à Paris le 3 juin 1892 (il y avait 32 ans que la statue existait). En effet, il dut mettre l'enfant sur le bras droit de la Vierge élément inhabituel dans la statuaire permettant à l'Enfant de bénir la ville sans cacher le visage de sa mère.
     Une telle rumeur permet de sacraliser des traditions ou des œuvres humaines alors qu'elles ne sont que des abominations!

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Voir aussi  le chapitre sur la métallurgie du livre "Histoire de Givors" d'Etienne Abeille 1912

 

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Sources Textes et photos :
Plaquette éditée à l'occasion des fêtes du centenaires des Établissement Prénat de Givors. 1949 et Archives municipales de Givors

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